27 janvier 2021: La nymphe du bonheur.

La piste du bonheur

La nymphe du bonheur.

Le bonheur n’est plus l’apanage des philosophes et des revues de psychologie. Les écoles de commerce et les revues financières se sont emparées du phénomène.

Voir :  Emma Seppäla, La piste du bonheur 

https://www.deboecsuperieur.com/ouvrage/9782807315112-la-piste-du-bonheur 

Elles nous apprennent à vivre dans l’instant présent, à puiser dans sa résilience, à gérer son énergie, à être bon avec soi-même, à se montrer bienveillant envers les autres, … et même à ne rien faire. Elles vont même jusqu’à créer une nouvelle fonction dans l’entreprise, le (ou la) Chief Happiness Officer (CHO). Une sorte de nymphe du Bonheur. Même Ulysse a quitté la belle nymphe Calypso pour retrouver le bonheur auprès de sa Penelope.

On nous le dit tous les jours, «pour réussir vous devez être différent». Surtout pas se sentir à égalité avec les autres. Se surpasser. Dépasser les autres… mais sans les écraser. C’est le paradoxe du monde de l’entreprise : « Soyons tous excellents ! ». Quel paradoxe ! Soyons tous hors du commun.  Le « hors du commun » doit devenir commun. N’est-ce pas accepter de courir à l’échec, mais se serait le prix à payer. Comme si dans tout, il y avait toujours un prix à payer (« no pain, no gain »).

L’éditeur français du best-seller « The Search of Excellence » ont fait une traduction prémonitoire du titre : Le Prix de l’Excellence 

https://www.dunod.com/entreprise-economie/prix-excellence-8-principes-fondamentaux-performance .

Les résultats des analyses – de 1997 à 1982 – réalisées par Tom Peter et Robert Waterman, deux consultants de la célèbre firme de consultance Mc Kinsey, restent d’une actualité criante : écoute du client, autonomie, innovation, productivité, motivation, valeurs-clés, structure simple, souplesse, rigueur, fiabilité… Les deux auteurs nous le disait déjà « l’homme est mené par une dualité essentielle : l’humain a simultanément un besoin d’appartenance et de singularisation. Il a besoin d’être englobé dans une équipe de gagneurs et d’être une vedette à part entière ».  Cela nous a été martelé pendant des années et encore aujourd’hui. La vie serait en quelque sorte un jeu à somme nulle. Je suis exceptionnel, mais comme les autres qui doivent l’être aussi au risque d’être exclu du jeu. Survivre dans l’entreprise serait la capacité à accepter et à surpasser ces paradoxes. Une sorte de Super-Mario, de super-résilience. Il suffit d’accepter de se faire – consciemment ou inconsciemment – manipuler. Peter et Waterman nous le faisait déjà comprendre il y a près de quarante ans : « Nous avons ainsi pu observer, maintes et maintes fois, l’extraordinaire énergie que le salarié (l’ouvrier, le vendeur, l’employé de bureau) est capable de déployer bien au-delà de de ce que le devoir exige, quand on lui accorde ne serait-ce qu’un semblant de contrôle de son propre destin ». 

Quel cynisme ou quel sens de la réalité ? Une sorte de présage à la vague de burn-out.

 Voir mon livre Trois burn-out … Sinon rien !  (Les Editions de l’Officine) 

https://www.fr.fnac.be/a13237160/Victor-De-Bock-Trois-burn-out-sinon-rien

Pour tous ceux qui n’accepteraient pas un quelconque faux-semblant d’autocontrôle.

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1 Comment

  1. C’est vrai qu’il est étrange de voir qu’une certaine forme de motivation vers le mieux, vers le plus ultra, nous pousse à réaliser parfois plus de choses que l’on avait prévu ou même parfois espérer pouvoir réaliser.
    C’est aussi le secret des coachs d’entreprise qui sont enrôlés par certains patrons pour pousser les collaborateurs encore plus dans leurs dernières réserves. Et la chose principale qu’ils utilisent est de motiver le collaborateur a essayer de se sentir plus heureux en ayant accompli plus d’activités ou un plus grand volume d’une même activité. Aussi en poussant les gens dans leur dernier retranchement l’idée de bonheur devient un sentiment de rejet ou de désillusion occasionné par une trop grande fatigue ou un surmenage.
    Si l’on part de l’idée encore bien actuelle que l’argent fait le bonheur des gens, alors on comprend parfois un peu mieux la course aux bénéfices que veulent absolument réaliser certains entrepreneurs ou même les entreprises qui veulent à tout prix de plus en plus de bénéfices à redistribuer aux actionnaires, parfois sans tenir compte des gens, des employés et ouvriers qui sont les chevilles ouvrières de la réalisation de ces bénéfices. Dans la chaîne économique tous les acteurs sont importants mais tous ne sont pas respectés et considérés à leurs juste place et valeur !
    D’où effectivement des sentiments négatifs d’épuisement, de rejet et à terme un chemin qui mène au burn out !

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